Le patrimoine religieux des Saint-Laurent de France

L'église saint Aignan de Nouan sur Loire



LES ORIGINES

L'église actuelle semble avoir été construite sur les restes d'une église plus ancienne, du Xème ou XIème siècle. En effet, sur une hauteur de cinq mètres, les murs de la nef sont construits en petits matériaux, et quelques autres détails de constructions confortent cette hypothèse: baies romanes murées, légère déformation de la nef, utilisation de matériaux différents provenant d'une construction précédente, etc.

Nous savons grâce à un pouillé (sorte de répertoire des paroisses) du diocèse d'Orléans datant du XVIème siècle, que l'église de Nouan/Loire, située anciennement dans le diocèse d'Orléans, appartenait avant la Révolution au chapitre (assemblée des chanoines) de la cathédrale Ste Croix d'Orléans. Ce chapitre était aussi patron de plusieurs églises de paroisses solognotes et en particulier, de l'église St Laurent-St Germain de St Laurent des Eaux. C'est le doyen du chapitre de la cathédrale Ste Croix d'Orléans qui nomma le curé de la paroisse de Nouan/Loire jusqu'à la Révolution.

UNE NOUVELLE EGLISE AU XIIème SIECLE

Le chœur et la tour du clocher sont construits en même temps
Après les invasions normandes, au XIème siècle, la prospérité revient dans les campagnes et de grandes campagnes de défrichements sont lancées. Les terres nouvellement défrichées sont soumises à un impôt en nature qu'on appelle la dîme. Cet impôt, qui revient de droit au patron de la paroisse, permet d'entretenir ou de reconstruire les églises. Beaucoup d'entre elles sont alors reconstruites en pierre. L'église de Nouan/Loire fait partie de cette campagne de reconstruction.

L'église est presque complètement reconstruite au début du XIIème siècle. La nef est rehaussée et son éclairage est assuré par sept baies en plein cintre à arc en fer à cheval. La nef communique avec le chœur par un grand arc à double rouleaux reposant sur des piliers rectangulaires.

Le chœur et la tour du clocher qui le surmonte sont construits en même temps. Les murs latéraux font plus d'un mètre d'épaisseur. Le premier étage est couvert d'une voûte en pierre sur trompes. La partie supérieure du clocher couvert d'un toit en batière, a été refait à une époque ultérieure.

L'abside est construite dans le prolongement du clocher. Elle est couverte d'une voûte en plein cintre s'ouvrant sur le chœur et éclairée par trois petites baies. Les deux latérales ont été remaniées certainement au XVIIème siècle, et celle du fond du chœur rouverte vers la fin du XIXème siècle.

L'ancienne porte principale devait se trouver dans le mur sud de la nef. Des morceaux de moulures sculptées du XIème et XIIème siècle.

LA GUERRE DE 100 ANS

De 1330 à 1450, les Anglais (les Plantagenet) et les Français (les Valois) s'affrontent dans de nombreux conflits entrecoupés de trêves plus ou moins longues, qui entraine une grave crise économique et démographique. La guerre de 100 ans s'achève officiellement en 1475 par la signature du traité de Péquigny.

Cette crise, entraine un appauvrissement général du pays et aura plus d'effet sur le délabrement des églises que les exactions des gens de guerre qui, généralement, respectent les lieux saints. L'église de Nouan/Loire n'a pas dû échapper à la règle, et il faut attendre le retour de la prospérité, au début du XVIème siècle, pour que d'importants travaux soient entrepris.
Le collatéral s'ouvre sur la nef par trois arcs à double rouleaux en plein cintre.

LE RETOUR A LA PROSPERITE AU XVIème SIECLE

chapiteau du pilier du collatéral et de la nef
C'est de cette époque qu'on peut dater la première réfection de la charpente et la construction du collatéral sud.

Au dessus du plafond de la nef, auprès du mur pignon de la porte d'entrée, on remarque un entrait (poutre horizontale d'une charpente) et un poinçon (poutre verticale d'une charpente) datant de la fin du XVème siècle ou du début du XVIème siècle. Certaines pièces du plafond actuel, sont des poinçons récupérés sur l'ancienne charpente, et coupés en deux dans le sens de la longueur. Leurs extrémités sont taillées en prisme, forme typique de la fin du XVème siècle ou de la fin du XVIème, ce qui permet de dater la réfection de la charpente.

C'est sans doute aussi de cette époque que date le collatéral sud. Il s'ouvre sur la nef par trois arcs à double rouleaux en plein cintre reposant sur deux piliers à chapiteau aux sculptures assez grossières. L'extrémité du collatéral, aujourd'hui occupée par une chapelle dédiée à la Vierge, s'ouvre sur le chœur par un arc en plein cintre plus grand que les autres. Sa largeur est réduite par un arc plus étroit et moins haut. Des traces d'un ancien rampant dans les combles, au dessus du plafond de cette chapelle, montrent que le collatéral se terminait à l'origine par une croupe (partie arrondie du plafond qui surmonte le fond du chœur d'une église ou d'une chapelle).

La porte, qui était dans le mur sud de la nef, est démolie et percée en plein cintre dans le pignon ouest, à son emplacement actuel.

On remarque dans le mur nord de la nef la trace d'une porte à linteau droit, aujourd'hui murée, qui permettait de communiquer avec la partie nord du cimetière. Dans le pignon ouest, une autre ouverture, à linteau en anse de panier est murée. Il s'agit certainement d'un ancien creusement dans le mur pour y aménager des fonds baptismaux. Aujourd'hui, cet emplacement sert au confessionnal. Cette transformation doit dater du XVIème ou XVIIème siècle.



LA CHAPELLE DES BOISRENARD AU XVIIème SIECLE

La chapelle de Boisrenard est construite du côté du cimetière, et s'ouvre sur l'avant du chœur. Elle est éclairée par une grande baie. Elle fut construite en 1603 c'est du moins ce qu'indique une inscription sur marbre qui est fixée sur un de ses murs: " Cette chapelle a été bâtie sous l'invocation de St François en 1603 par Jacques BODIN de BOISRENARD, Gouverneur de Chambord, qui y fonda en 1645 une grande messe, douze messes basses, un salut avec litanie, libera et de profundis.
Le Préfet de Loir et Cher en reconnaît la famille de BOISRENARD propriétaire le 9 novembre 1817 et par un autre arrêté approuvé le 23, la Fabrique de Nouan fut maintenue en possession de six francs de rente sur la terre de BOISRENARD, à charge de faire acquitter la fondation de payer deux francs au curé.
L'Evêque d'Orléans réduisit ces services en 1808 à deux messes par an avec libera et de profundis le 14 octobre et le 25 juillet sur la demande de Louis Joseph de BODIN de BOISRENARD qui fit restaurer cette chapelle en 1821".

Elle surmonte un caveau funéraire dans lequel ont été placées les sépultures de la famille Bodin de Boisrenard.

Une inscription gravée sur cuivre, fixée sous les reliquaires contenant les cœurs de Jacques Bodin de Boisrenard et de son épouse, Jacquette de MARIVETS, donne des indications sur la fondation de la chapelle:

Plaquette de gauche:
"Ci est enclos le cœur de damoiselle Jacquette de MARIVETS, femme de feu Jacques de BODIN, vivant écuyer, seigneur de BOISRENARD, laquelle décéda le 19 avril 1655 - Requiescant in pace"

Plaquette de droite:
"Ci est enclos le cœur de Jacques de BODIN, vivant écuyer , seigneur de BOISRENARD, capitaine du château et du parc de Chambord qui décéda le 15 janvier 1653, lequel a fait construire et bâtir cette chapelle qu'il a fait dédier à l'honneur de Dieu et de St François, et en icelle fonde douze messes basses aux premiers vendredis de chaque mois de l'année, un salut le jour de St Jacques en juillet et une messe haute le jour de la St François en octobre avec un libera et un de profundis à chacun des dits services et quatre cierges de chacun une demie livre par an, à savoir deux le jour de la St Jacques et deux le jour de la St François et pour ladite fondation a assigné seize livres de rente annuelle et perpétuelle sur lieu seigneurial de BOISRENARD par son codicille du 13 décembre 1643, étant en fin de son testament passé devant Me Michel DELAUNAY l'aîné, notaire royal à Blois, le 8 avril 1644. Requiescant in pace"

Au XIXème siècle, il semble que la propriété de la chapelle à la famille BODIN de BOISRENARD soit remise en cause. Pour justifier cette propriété, M. BODIN de BOISRENARD fournit un certain nombre de preuves écrites comme le codicile de Jacques Bodin de Boisrenard du 13 décembre 1643 (voir ci dessous) et 30 quittances dressées de 1747 à 1789 par les curés marguilliers de Nouan au sujet d'une rente par eux payée pour les fondations acquittées dans cette chapelle. Les marguilliers, responsables de la fabrique, déclarèrent également par écrit, le 9 juillet 1807, que les BODINS DE BOISRENARD avaient toujours fait les réparations de cette chapelle.

Cette propriété fut reconnue à condition que la famille propriétaire paye à perpétuité chaque année une rente de 16F, réduite à 6F, léguée par Jacques Bodin de Boisrenard, son aïeul en 1644 et attribuée à cette fabrique par l'arrêté du Préfet du 30 novembre 1807.

Le codicile, conservé aux Archives départementales, stipule que:
"...le testateur veult et ordonne que lorsqu'il sera décédé, son coeur soit porté dans l'églize parroichialle de Nouan sur Loire, en laquelle paroisse, sa dite terre de Boisregnard est située, pour son dict coeur estre mis dans la niche qu'il a ordonné estre faicte pour cest effect dans la chapelle qu'il a faict bastir et construire en ladicte églize, à coté du coeur dicelle en laquelle chapelle, il veut entend estre dédiée à l'honneur de Dieu et sainct François. Item veut et ordonne qu'à son intention, il soit dit en ladite chapelle, une messe basse des trépassés au premier vendredy des douze mois de chacune année , à toujours mais (à perpétuité) et à la fin de chacune dicelles , ung libera avecq ung de profundis, en oultre qu'il soit dict en la dite chapelle le jour de sainct François qui est le quatriesme d'octobre aussy à toujours mais, une grand messe haulte des trépassés et à la fin de chacune dicelle, ung libera et ung de profundis, et encore, aussy qu'il soit dict le jour de sainct Jacques qui est le vingt cinquiesme de juillet, aussy à toujours mais, un salut à sept heures du soir ou se dira le veni créator, les litanies de la saincte vierge, l'himne et l'oraison et ung libéra, et pour fondation des services cy dessus par luy ordonnés, donne à toujours mais, veult et ordonne par chacun an la somme de seize livres de rente, à savoir, douze livres pour le curé de la dite églize pour les dits services, et quatre livres pour la marelle de la dite églize pour aider à l'entretien des ornements dicelle, laquelle rente il veult et ordonne estre payée et délivrée par chacun an à toujours aux marguilliers de la dite églize de Nouan, par ceulx ou celles qui possèderont et seront seigneur à l'advenir de sondit lieu de Boisregnard, ses appartenances et dépendances, au jour et feste de Toussaincts. Il oblige sa dite terre de Boisregnard et ses appartenances à l'entretien du bastiment de sa dite chapelle, plus veut et ordonne que soit fourny par les seigneurs ou dames qui possèderont sa dite terre et ses appartenances de Boisregnard, quatre cierges de deux livres chacun par chacun an à toujours mais, à savoir deux le jour de sainct François, et les deux autres le jour de sainct Jacques..."

Porte d'accès au caveau de la famille Bodin de Boisrenard
En 1855, suite à une pétition lancée par cinq habitants de la commune, le cimetière est déplacé. Suite à ce déplacement, Adolphe de BODIN de BOISRENARD adressa, en février 1862, une supplique à Napoléon III, pour obtenir l'autorisation:
"…de faire exécuter des travaux nécessaires dans le caveau qui est sous la chapelle pour y déposer les tombes de ses père et mère inhumés dans l'ancien cimetière de Nouan, et les cercueils des autres membres de sa famille qui viendraient à décéder".

Le Préfet donna son accord après avis favorable de la Municipalité, le 20 mai 1862, et de la Fabrique. Cet accord est donné à condition:
"que lesquels tiroirs (des sépultures)seront bouchés en maçonnerie aussitôt que chaque cercueil y sera placé, que pour arriver dans ce caveau, il soit pratiqué en dehors de l'église une ouverture pour y mettre une porte en fer qui s'ouvrira en dedans dudit caveau, le tout bien entendu aux frais de M de BOISRENARD..."

LE XVIIIème SIECLE

Grâce aux témoignages laissés par plusieurs curés dans les registres paroissiaux, on connaît les divers travaux réalisés dans l'église au XVIIIème siècle.

En 1751, Pierre François Dubourg, curé de la paroisse, bénit la grosse cloche: "L'an 1751, le 15 août, a été baptisée dans cette église, la grosse cloche, par moy, Pierre François Dubourg, curé de la paroisse soussigné, elle a été nommée Anne Louise par messire Jaque Johanne, marquis de Saumery, gouverneur de Chambor, comme fondé de procuration de messire Louis Georges de Johanne, marquis de Pifons, capitaine de cavalerie au régiment roial Piedmont, grand bailly de Blois, gouverneur en survivance du château de Chambor, et par demoiselle Anne Marguerite de l'Eglou de Bodin de Boisrenard, douairière de messire Louis de Bodin de Boisrenard, écuier, chevalier, seigneur dudit lieu de Boisrenard, capitaine d'infanterie du régiment de Brosse, qui ont signé le dit acte avec nous".

En 1769, la grosse cloche est refondue: "Le 21 août 1769, a été bénite la grosse cloche de cette paroisse, pesante 1005 livres, laquelle a été nommée Adélaïde par haut et puissant seigneur messire Georges Louis de la Carre Johanne de la Carre, chevalier, marquis de Saumery, seigneur de Piffonds et autres lieux, brigadier des armées du roy, gouverneur de Chambort, grand ballis et commandant pour le roy de la ville de Blois, et par dame Charlotte Adélaïde de la Taille, épouse de messire François de Bodin, écuier, seigneur de Boisrenard, en présence de messieurs les curés de St Laurent des Eaux et d'Avaray, et deM. Le vicaire de St Laurent des Eaux, de messieurs Paul Huetteau, capitaine d'infanterie, Pierre Massons, notaire roial, et autres qui ont signé, de messire Nicolas Ange, écuier, seigneur de l'Aiglehoust, capitaine d'infanterie, de messire Alexandre Clement du Monceau, écuier".
Il est noté en marge: "Elle a été pesée avec des fléaux et des poids, elle pesoit auparavant 951 livres, on la croyoit de 1500".

En 1782, le maître autel est remplacé alors que Antoine Alexis WATTEAUX est curé de la paroisse: "Le nouvel autel de St Aignan de Nouan/Loire, érigé sous le règne de Louis seize et sous le règne de Antoine Alexis Watteaux, prêtre du diocèse d'Orléans, bachelier en droit civil et canon, a été exécuté par le sieur Cassas, maître plâtrier de Blois, le tabernacle, gradins et expositions ont été faits par le sieur Carobon, sculpteur de Blois et le tableau dudit autel par le sieur Delatour dont le pinceau n'étoit pas délicat. Les grilles du cœur et de l'aile de la Sainte Vierge ont été supprimées par acte d'assemblée. Messieurs les curés de Nouan en sont tenus aux réparations du cœur, qu'autant que le clocher a de surface, le reste des réparations se font aux dépens de la fabrique. A la suppression de la grille de bois nous avons fait poser au-dessus de la principale porte d'entrée le crucifix qui était autrefois au-dessus de la porte du cœur. A Nouan/Loire, ce 31 décembre présente année 1782".

En 1783, l'église est blanchie: "L'an 1783, j'ai fait blanchir toute l'église et le lambris à mes frais et poser dans le cœur de l'Aigle, que j'ai moi-même payé de mes propres deniers. Le sanctuaire a été fermé d'une balustrade de fer aux dépens de la fabrique, et le cœur orné d'un lustre des prix de 14 livres et qu'on a substitué à la place d'une vieille lampe".

En 1785, des travaux importants sont entrepris: "L'an 1785, le 28 du mois de juillet, l'aile de la Sainte Vierge (collatéral sud) de l'église de Nouan/Loire a été reconstruite à neuf par maître Ravion, maçon demeurant audit Nouan, Jean Foisneau et Louis Rancien étant marguilliers de la ditte église. J'ai fait poser des croisées à mes dépens et les ai fait vitrer en partie à mes frais et en partie aux frais des paroissiens qui y ont participe par une petite quête que j'ai faite moi-même. Je crois les murailles très solides vu qu'elles ont 6 pieds de profondeur en terre (environ 2 mètres) et des fondements de plus de 28 pouces de largeur (environ 0,80 mètres), la sacristie a été pareillement reconstruite à neuf mais sur les anciens fondements. Les portes de la basse aile, celles de la sacristie, leurs ferrements ainsi que les barreaux de fer des quatre premières croisées ont été payés par mes propres deniers de manière que tout calculé, il m'en a coûté pour le rétablissement de la basse aile près de 250 livres. C'est un don que j'ai fait bien volontiers à la fabrique de la ditte église. Le tableau de l'autel de la Sainte Vierge a été donné par Monsieur Trignard habitant de cette paroisse, ainsi que les baguettes dorées, mais j'ai payé moi-même le chassis et ai fait tendre le tableau à mes frais. A Nouan le 31 du mois de décembre".

En 1786 et 1788, des travaux de finissions: "L'an 1786, j'ai fait poser à mes frais le bureau de la sacristie et ai donné à l'église la petite boîte de l'extrême onction. Cette même année, la basse aile a été plafonnée ainsi que la sacristie.

En l'an 1788, la basse aile de l'église de Nouan a été carrelée, l'autel de la Vierge, le confessionnal et les douze bancs neufs ont été faits et posés par Pierre Leroi, maître menuisier de Brassieux, cette même année j'ai fait niveler à mes frais le cimetière de la ditte paroisse. La paroisse est composée de 130 feux (foyers)".

En 1791, la seconde cloche est refondue par le sieur Rozier, fondeur à Orléans, pour 314 livres 8 sols. La cloche pesait 684 livres (environ 350kgs) avant la refonte, et 788 livres (environ 400kgs) après cette opération. Elle sera déscendue pendant la révolution.
Le collatéral reconstruit en 1785

LA REVOLUTION

Le 16 janvier 1791, le curé Antoine Alexis Watteaux, suite à la publication de la Constitution civile du clergé, prête serment et devient prêtre constitutionnel, c'est à dire un fonctionnaire rémunéré par l'Etat. Il renouvelle son serment le 23 septembre 1792, et sera nommé officier d'état civil chargé de la tenue de l'état civil de la toute nouvelle municipalité le 16 décembre 1792.

En 1793, l'église devint Temple de la Raison, c'est a dire le lieu où on lisait publiquement les lois et les décrets passé par l'Assemblée nationale, puis sous l'influence de Robespierre, le Temple de l'Etre Suprême.

Les biens que l'église ou les organismes ecclésiastiques (fabrique, boîte des Trépassés, etc) possédaient dans la commune, dont le presbytère, sont saisis et vendus comme biens nationaux. En décembre, les derniers signes du culte furent supprimés de l'église, les objets servant au culte, dont une ou plusieurs cloches, furent transportés au district pour être fondus et transformés en canons, fusils, etc. A cette époque, des réparations sont faites au presbytère qui sert de "maison commune", c'est-à-dire de mairie.

Le curé Watteaux devra renoncer à ses fonctions pastorales pendant la terreur. Le 3 mars 1794, il occupe les fonctions de secrétaire greffier de la municipalité et sera remplacé le 7 avril 1794 par le citoyen Massoneau. Le curé s'installe alors à son domicile d'Orléans.

Antoine Alexis Watteaux reprend son sacerdoce et prête serment le 4 octobre 1795: "Je reconnois que l'universalité des citoyens français est le souverain, et je promets soumission et obéissance aux lois de la République". La fabrique dissoute pendant la révolution est reconstituée au début du XIXème siècle

LE XIXème SIECLE

En mars 1803, François Ravion et Jean Divauchau établissent un devis de 357F pour réparer le toit de l'église et le mur du cimetière endommagés par des arbres plantés dans le cimetière. Le Préfet autorise la commune à utiliser 91F provenant de la vente des 27 arbres abattus dans le cimetière pour financer la réparation de la toiture de l'église.

Le presbytère ayant été vendu pendant la révolution, le curé est hébergé dans un logement provisoire dont le loyer est payé par la commune. Le 18 juillet 1806, le sieur Bodin de Boisrenard, fit donation à la commune, sous seing privé, d'une maison proche de l'église, pour servir de presbytère. Cette donation fut légalisée le 27 août suivant et fut autorisée par une ordonnance de Napoléon Ier en date du 4 mars 1807. L'ameublement de ce nouveau presbytère, mis à disposition du curé Anquetin, fut payé par une quête, d'un montant de 136 livres 1 sol, faite dans la commune.

Le 19 novembre 1807, un arrêté préfectoral reconnait Monsieur Bodin de Boisrenard propriétaire de la chapelle située dans l'église (voir chapitre précédent).

Le 11 mai 1809, le conseil municipal décide d'établir un nouveau cimetière au nord de l'église, dans une vigne appartenant à Etienne Bery, et de transformer la partie de l'ancien cimetière situé au sud-ouest de l'église en place publique sur laquelle furent plantés des arbres.

L'escalier en pierre construit en 1842
Le 10 septembre de la même année, "…constatant que l'état de l'église et particulièrement sa toiture est si mauvais qu'il est on ne peut plus urgent d'y remédier, qu'il n'y a pas été fait de réparation depuis 20 ans…", le conseil municipal approuve un devis de 630F du sieur Duclos, couvreur à Blois. La toiture du côté sud de la nef est entièrement refaite, celle du côté nord, du collatéral, du clocher et de la sacristie est en partie reprise, et la tour du clocher est recrépis.

L'unique cloche est refondue en 1813 et elle porte l'inscription suivante: "L'an 1813, j'ai été bénite par Monseigneur Jacques Raillon, évêque d'Orléans, administrateur capitulaire, baron de l'empire, membre de la légion d'honneur, et nommée Jacobette Angélique Amélie par Monsieur Ange Edouard Théophile de Beziade d'Avaray et Mademoiselle Amélie Marie Henriette Bodin de Boisrenard, Monsieur Pierre Jacques Joseph Anquetin étant curé, Messieurs Louis Joseph de Boisrenard, maire, Jean Baptiste Perrot, adjoint, Jean Benoist de Lormoys, Président, Sylvain Petit secrétaire du conseil, Alexis le Roy, R. Dent, François Caillou, T. Rentien, membres du bureau de la fabrique, Etienne Le Meignan et Noël Assier, Husson et Collin, fondeur".

La toiture est endommagée pendant l'hiver 1816-1817 et le sieur Léonard Marchais, dit Jardin, de St Dyé/Loire, établit un devis des réparations de 253F. La fabrique ne pouvant faire face à cette dépense, le conseil accepte le devis le 27 août 1817 et décide une imposition extraordinaire. Les travaux sont réceptionnés en juillet 1818, et le couvreur, Léonard Marchais, est également chargé d'entretenir les toitures moyennant 100F par an.

La chapelle des Boisrenard est restaurée en 1821 (voir chapitre précédent).

En 1821, une horloge est donnée à la commune et installée dans l'église, mais on ne connait pas le donateur.

De 1821 à 1836, plusieurs réparations sur les toitures et des travaux d'embellissement et de consolidation des plafonds dans l'église sont réalisées.

Le curé Pierre Jacques Joseph Anquetin décède le 13 février 1832, et il est enterré dans le cimetière. Sa pierre tombale sera ramenée par la suite dans l'église, dans le coin sud ouest du collatéral.

Le 15 mai 1842, le maire écrit au préfet pour lui signaler "…qu'il est urgent de renouveler un escalier en bois qui est en dehors, exposé à tous les temps, et qui est indispensable pour monter journellement dans le comble d'église, afin de faire sonner l'horloge…". Les travaux sont autorisés, et finalement c'est un escalier en pierres qui est installé. Le maire voulait utiliser des pierres déposées dans le lit de la Loire par l'Etat, mais le préfet refusa et les pierres de l'escalier ont une autre origine (NDR: On déposait des pierres dans le lit de la Loire pour les nettoyer et les assainir, l'eau courante dissolvant progressivement les sels minéraux qu'elles contenaient. Ces pierres étaient déposées par l'Etat pour les travaux publics ou par des particuliers. Ces dépôts de pierres étaient nombreux dans le lit de la Loire. Dans le cas présent, le préfet refuse de donner des pierres appartenant à l'Etat et la municipalité s'est fournie ailleurs).

Le 13 août 1852, un devis 505F est établi pour des travaux importants:
- réfection à neuf du plafond en lambris de l'église,
- réfection de la couverture en tuiles du collatéral sud,
- réfection de la flèche du clocher dont la croix avait été renversée par la foudre et dont l'aiguille avait été cassée. L'aiguille devait être reconstruite, la croix redressée et remontée avec un coq neuf en tôle.
- réfection de la couverture des deux pans du clocher
- réparation de la charpente et réfection de la couverture de l'abside.
- et divers autres travaux de moindre importance.

Ces travaux furent financés par la commune qui vota une imposition extraordinaire, et exécutés et 1854 par M. Noé-Sardon, couvreur à Beaugency.


La décoration de l'abside date de 1880
En 1852, cinq habitants de la commune demandent le déplacement du cimetière. Le conseil municipal refuse arguant que "le cimetière est autour de l'église mais placé au nord du bourg d'où il reçoit sans encombre l'air pur et vivifiant de la Loire qui en est éloigné de 200m et que de ce côté il n'y a point d'habitation, considérant que le cimetière est d'une étendue suffisante, puisqu'il est reconnu par les registres des décès qu'il ne meurt en moyenne pas plus de 15 personnes chaque année y compris les enfants et que les fosses ne sont renouvelées que les douze à treize ans, et même quatorze….considérant qu'en éloignant le cimetière de 35 à 40m hors du bourg ce bourg ne serait pas plus salubre qu'il est maintenant et a toujours été puisqu'il n'a jamais eu d'épidémie ni maladie contagieuse provenant de sa proximité…considérant qu'il vient d'être fait près de 300F de réparations aux murs du cimetière…, considérant que les trois derniers pétitionnaires ne demandent la translation du cimetière que dans l'espoir d'acquérir les portions de terrain qui les joignent…". Mais le préfet, jugeant que l'emplacement du cimetière au milieu d'habitations était illégal, le 19 août 1853, il prend un arrêté pour supprimer le cimetière. Le conseil municipal prend alors plusieurs délibérations pour entériner cette décision, acheter à M. Barthélémy Bimbenet, à son épouse Mme Françoise Guérin et à M. Assier les parcelles de terrain nécessaires à la translation et enfin construire les murs du nouveau cimetière.

En 1861, la fabrique achète un harmonium pour 385F.

Un vitrail représentant St Aignan orne l'ouverture de l'abside en 1880.
En 1867, la fabrique achète une grille pour le sanctuaire, un dais et fait paver le sanctuaire.

Le 28 mars 1878, à la demande du curé Hatte, un devis est établi pour la construction de voûtes en briques dans la nef, le percement de nouvelles baies dans l'axe des nouvelles voûtes, la construction de contreforts de renforcement extérieurs, le déplacement de la porte d'entrée pour la placer dans l'axe de la nef et la construction d'une tribune en bois, à l'intérieur de l'église, au dessus de l'entrée principale. Le devis se montait à 6500F et le financement est trouvé, mais l'architecte diocésain et l'évêque de Blois donnent un avis défavorable et le projet est abandonné.

En 1880, des fonds étant disponibles, M. Hatte demande à nouveau des travaux qui sont acceptés. Ils concernent diverses remises en état (bas de murs humides, peintures carrelage), mais surtout le remplacement par des fenêtres en plein cintre (linteau semi-circulaire) des baies carrées du collatéral et le débouchage d'une fenêtre au fon de l'abside. Ils se montent à 7625F.

La baie de l'abside débouchée fut fermée par un vitrail de couleur représentant Saint Aignan. C'est à cette campagne que l'on doit la décoration actuelle en faux marbre du chœur, ainsi que la voûte étoilée de l'abside.

Les toitures sont refaites en 1885 par M. Marchais, couvreur à St Dyé/Loire et M. Habert maçon à Muides.

Un grand nombre d'habitants souhaitant avoir une horloge publique, le conseil municipal décide, le 20 mai 1886, d'acquérir une horloge pour l'installer dans le clocher. Elle est achetée à M. Gourdin, ingénieur constructeur d'horloges monumentales, à Mayet dans la Sarthe, pour 1850F. La mise en place se fait le 1er mai 1887.

LE XXème SIECLE

A la fin du XIXème siècle ou au début du XXème siècle la chapelle de Boisrenard fut restaurée par la famille Bodin de Boisrenard. La grande baie nord fut munie d'un
vitrail représentant le Sacré Cœur et réalisé par Testeau d'Orléans. Il porte la devise de la famille: cominus et emimus (de près comme de loin).

En 1905, la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat est votée. La fabrique est dissoute et la commune devient propriétaire de l'église, donc seule responsable de l'entretien et de la conservation de l'édifice.

Une grande campagne de travaux extérieurs est lancée en 1972 et 1974. M. Cantais architecte à Blois établit un devis de 287 160F. Une première tranche comprend essentiellement la réfection de la toiture du clocher. A cette occasion le coq fut déposé et remplacé.
L'église St Aignan, la place de l'église et le Monument aux Morts de 1955 à 1988

Une deuxième tranche de travaux est réalisée en 1974: ravalement d'une grande partie des enduis, réfection des toitures de la nef, du collatéral, de la sacristie et du chœur, l'assainissement des murs par déshydratation mécanique, installation d'un paratonnerre, la réfection de tous les vitraux (losanges blancs et roses) et protection par grillage et le remplacement des bancs de prière.

En 1978, les travaux concernent l'intérieur de l'église: réfection des enduits muraux, révision et remise en état des boiseries et des lambris, réfection des peintures du plafond en bois de la nef, nettoyage des peintures et remises en état diverses, installation du chauffage électrique par panneaux au sol, électrification de l'horloge et installation d'une sonorisation de l'église. Ces travaux furent réceptionnés le 27 février 1979.

SOURCES
- Etude réalisée en 1995 sur l'histoire de l'église par Nicolas HURON dans le cadre du projet ECCLESIA.
- "Histoire de St Laurent des Eaux des origines à nos jours" édité par l'association Arts et Loisirs d'après l'histoire de la paroisse que le chanoine Joseph BAUDET avait raconté aux enfants du catéchisme en 1941.

PHOTOS
Reproduction d'une carte postale ancienne
Autres photos Jean Pierre LAPEYRE

Ce travail a été réalisé en mars 2012 par la section "Histoire Locale et Généalogie" de l'association
ARTS ET LOISIRS d'après une étude réalisée par Jean Pierre LAPEYRE

Mardi 26 Juin 2012
Yvan MARCOU
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